Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/175

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d’idées et de gestes, mon existence ne ressemble en rien à celle du vulgaire ; je vais par la vie à cheval sur une chimère, un oiseau bleu dans chaque poche ; je cours les rues grimaçant, gesticulant, composant. J’ai des attaques d’épilepsie ou d’enthousiasme à chaque heure du jour. Les relations sociales m’assomment : je rêve aux étoiles, — ce qui est de votre état ; — je parle tout seul et très-haut, — comme on fait chez vous ; — mes chausses sont trouées, mes ressources usées ; chacun me montre au doigt et me parle avec un sourire de pitié railleuse. Les plus bienveillants me traitent d’insensé ; mais, ma foi, je m’en moque ; c’est un titre qui en vaut un autre.

Pas de fausse pudeur, allons !
Portons hardiment ces galons
Que personne ne nous dénie,
Et disons, sans plus de chagrin :
Il s’en faut peut-être d’un grain
Que je sois un fou de génie.

Je demande un cabanon ! (Applaudissements de la foule.)

le fleuve des amazones

De ma source à mon embouchure, sur mes flots ou le long de mes rives, je n’ai jamais vu un…

le président

À d’autres, messieurs les candidats. (Au vice-roi en