Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/183

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le président, d’un ton sec.

Sachez, l’homme, qu’il n’y a pas ici un seul fou ; vous êtes chez des fantaisistes ; mais, morbleu ! ne parlez pas de folie, ou je vous fais hallebarder par mon duc de Guise.

le rentier, effrayé.

Mais enfin, messieurs, que voulez-vous faire de moi ? — Je m’appelle Timoléon ; je suis un honnête rentier de la rue Saint-Denis ; je me lève à huit heures et me couche à dix. Après déjeuner, je vais entendre tirer le canon du Palais-Royal, en regardant jouer les enfants. Je suis électeur. Le soir, je fais mon domino avec l’adjoint. Vous voyez donc que je n’ai en moi aucun symptôme. (À un fou.) Finissez donc, monsieur, vous m’arrachez ma perruque. Je demande qu’on me rende ma liberté, ou j’appelle à l’aide.

le président.

Mes amis, assurez-vous de ce pauvre diable, et le liez fortement pendant que le tribunal va délibérer.

le rentier, effaré.

Mais cette plaisanterie est de très-mauvais goût…