Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/78

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dières infernales cessent de bouillir, les hauts fourneaux s’éteignent, les instruments de supplice sont mis de côté, les démons se croisent les bras ; en un mot, l’enfer chôme ; puis, le plafond d’airain chauffé à blanc qui pèse sur nos têtes s’entr’ouvre, et là-haut, bien haut, nous voyons passer, — glissant à travers les nuages, — tous les saints et saintes, les chérubins, les anges, les trônes, les dominations, les archanges, qui font la procession tout autour du paradis, en répandant les fleurs — à pleines corbeilles, — les parfums — à pleins encensoirs. Derrière, marche gravement et les yeux baissés, la longue litanie des âmes bienheureuses, parmi lesquelles tu vas reconnaître celle que tu cherches.

l’amant.

Bénis soyez-vous, mes frères, pour la bonne nouvelle que vous me donnez, et la bouffée d’espoir que vous faites se glisser dans mon âme ! Si je puis voir ma maîtresse, je suis sauvé.

les damnés.

Sauvé ! que veux-tu dire par là ?

l’amant.

Croyez-vous que ma voix ne puisse monter jusqu’à son oreille ?