Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

stants qui me restent à passer avec toi ? À la veille d’un grand départ et d’une éternelle séparation, nos moindres minutes ne doivent-elles pas nous être d’un prix inestimable ? Maîtresse, maîtresse, réponds-moi !

le prêtre, s’approchant de l’autre côté du lit,
et prenant l’autre main de la malade.

Ma fille, avant de paraître devant Dieu, ne voulez-vous pas faire belle votre âme et lui remettre sa blanche robe d’innocence ? Consentez-vous à vous condamner à d’éternelles souffrances, et si le souci de vous-même ne vous touche pas, voulez-vous livrer aux supplices rouges de l’enfer cette âme malheureuse que l’adultère tient liée à la vôtre ?

la maîtresse.

Vous me faites bien du mal, tous les deux.

le prêtre.

Ma fille, ma fille, la mort est là et Dieu la suit.