Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/104

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grand nez conquérant dans une face hâlée et poupine, le crâne chauve et la barbe de ligueur de l’oncle Césaire. Au cri de son neveu, il répondit sans lâcher les cartes :

— Tu vois, je ne m’ennuie pas, je fais un bésigue avec ma nièce.

Sa nièce !

Et Jean qui cachait si soigneusement sa liaison à tout le monde. Cette familiarité lui déplut, et les choses que Césaire lui débitait à voix basse, pendant que Fanny s’occupait du dîner…

— Mon compliment, petit… des yeux… des bras… un morceau de roi.

Ce fut bien pis, quand à table le Fénat se mit à parler sans aucune réserve des affaires de Castelet, de ce qui l’amenait à Paris.

Le prétexte du voyage c’était de l’argent à toucher, huit mille francs qu’il avait prêtés autrefois à son ami Courbebaisse et qu’il ne comptait jamais revoir, quand une lettre du notaire lui avait appris et la mort de Courbebaisse, pechère ! et le remboursement tout prêt de ses huit mille francs. Mais le vrai motif, car on aurait pu lui faire parvenir l’argent :

— Le vrai motif c’est la santé de ta mère,