Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tu sais comme on dit chez nous : Le malheur dure toujours plus que celui qui l’amène… Si c’est vraiment comme tu racontes, si Jean a tiré cette femme de la boue, il s’est peut-être bien sali à cette triste besogne. Possible qu’il l’ait rendue meilleure et plus honnête, mais qui sait si le mauvais qui était en elle n’a pas gâté notre enfant jusqu’au cœur !

Ils revenaient vers la terrasse. Nuit paisible et limpide sur toute la vallée silencieuse où rien ne vivait que la lumière glissante de la lune, le fleuve houleux, les clairs en flaques d’argent. On respirait le calme, l’éloignement de tout, le grand repos d’un sommeil sans rêves. Soudain le train montant déroula au bord du Rhône sa rumeur sourde à toute vapeur.

— Oh ! ce Paris, fit Divonne, montrant le poing vers l’ennemi que la province charge de toutes ses colères… ce Paris !… ce qu’on lui donne et ce qu’il nous renvoie !