Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/271

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de la scène épouvantable que le voisinage entendrait, d’un scandale à ameuter le haut et le bas Chaville. Il savait que déchaînée, rien ne comptait plus pour elle, et s’en tint à son idée de la conduire en forêt.

— Voilà… j’y suis…

Légère, elle prit son bras, l’avertissant de parler bas et de marcher vite en passant devant chez leurs voisins, dans la crainte qu’Olympe voulût les accompagner et gêner leur bonne partie. Elle ne fut tranquille que le pavé franchi et la voûte du chemin de fer, lorsqu’ils eurent tourné à gauche dans le bois.

Il faisait un temps doux, rayonnant, un soleil tamisé d’une brume argentée et flottante, qui baignait toute l’atmosphère, s’accrochait aux taillis où quelques arbres, entre leurs feuilles dorées tenant encore, gardaient des nids de pies, des paquets de gui vert à de grandes hauteurs. On entendait un cri d’oiseau, continu, en bruit de lime, et ces coups de bec sur le bois qui répondent au bûcheron dans les coupes.

Ils allaient lentement, marquant leurs pas