Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/175

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andré

Voyons… oui… un peu. (Dominique penche la tête.) Oh ! pauvre ami, déjà des cheveux blancs ! Est-ce possible, à ton âge avoir des cheveux pareils !… Tu as donc bien souffert depuis que tu nous as quittés ?

dominique

Moi ?… souffert ? allons donc ! Est-ce que ça souffre, un vieux garçon ?… Eh ! non, ce sont les voyages qui m’ont blanchi… qui sait ?… en passant par Terre-Neuve (il montre son front) un peu de neige aura tombé là-dessus et s’y sera bien trouvé ! Bah ! tout cela va fondre au beau soleil qu’il fait ici.

andré

Terre-Neuve ! Tu es allé à Terre-Neuve ! Parbleu ! je vous demande, en quatre ans on a bien le temps d’aller à Terre-Neuve, d’y aller plusieurs fois et même d’en revenir. Ah çà ! mais… où est ta voiture ? où sont tes malles ? Par où es-tu venu ! car enfin…

dominique

Voici… Comme je tenais à arriver sans fracas pour vous surprendre un peu…

andré, joignant les mains.

Un peu !

dominique

J’ai laissé la chaise de poste derrière les oliviers de Saint-Vincent, et je suis venu tranquillement, en voisin, les mains dans les poches. Il faut maintenant que Mascarat fasse avancer la voiture jusqu’ici et descende mes bagages.