Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/203

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un veuf à cette morte, quelqu’un qui se souvienne et qui porte son deuil ; ce veuf, ce sera moi, moi, qui l’ai tant aimée et qui vais enfin pouvoir le lui dire ! je vais vivre seul ici, dans cette maison où tout parle de Suzanne ; je souffrirai… je pleurerai… jamais je n’aurai été si heureux.

mascarat, à part.

Je continue à n’y rien comprendre. C’est égal, cet exalté-là a une manière de dire les choses !… (Il s’essuie les yeux.)

andré

Mais, quoique séparés, nous nous verrons souvent, n’est-ce pas, Domé ?…

dominique

Souvent. (Bas.) Mais jamais ici. (S’approchant de la croisée, et regardant du côté du cimetière.) Ah ! Suzanne, Suzanne ! Ce sera une singulière histoire à dire que celle de ce pauvre homme qui était veuf et n’avait jamais été marié.


fin du frère aîné