Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/226

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madame jourdeuil.

Vous la trouvez gentille, n’est-ce pas ?

franqueyrol.

Et vous ?

madame jourdeuil.

Oh ! moi, je ne compte pas, je suis la maman.

franqueyrol, vivement.

Est-ce que mademoiselle Louise est Parisienne ?

madame jourdeuil. Oh ! du Paris pur sang… du Paris de la rue Montmartre, comme son frère.

franqueyrol.

Ah ça ! qu’est-ce qu’on m’avait donc dit ?… Je croyais qu’en fait de jeunes filles, on ne trouvait plus à Paris, à l’heure qu’il est, que de jolis petits monstres, tout en crin et en acier, de gentils agents de change à chignons, très secs, très froids, très ergoteurs, et spécialement dressés pour le Parisien d’aujourd’hui. Mais ce n’est pas vrai, cap de Diou ! ce n’est pas vrai. Les Parisiens ne l’ont pas encore exproprié, ce type divin de la femme enfant, avec son rire clair et ses yeux limpides. Il y a encore des petites filles à Paris, n’est-ce pas, maman ?

madame jourdeuil.

Oui, sans doute ; pourtant, il ne faut pas croire qu’à Paris toutes les demoiselles soient comme Louise… Il y en a d’autres.

franqueyrol, souriant.

Vraiment ?