Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/24

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tant.) Du reste, j’ai bien le temps, on n’en est qu’au troisième psaume. Je la vois d’ici, dans un coin de chapelle bien noir, bien reculé, à genoux sur sa chaise rouge ; elle tient son chapelet et prie à voix basse, lionne prière, madame Ambroix, moi, je me sens tout ensommeillé. (Le son de l’orgue cesse. Il se renverse sur son fauteuil, ferme les yeux et dit à demi-voix :) je ne sais si c’est ce journal… ou bien le… (il désigne l’église) qui va commencer… (Il s’assoupit. Un coup frappé à la vilre le fait tressauter.) Hein ! qui va là ? qu’y a-t-il ? (Il se lève.)

le facteur, du dehors.

Monsieur Ambroix !

ambroix

Tiens ! c’est le facteur… c’est le brave père Anselme. (Il pose le journal sur le buffet et va ouvrir la croisée.)

le facteur

Bien le bonjour, monsieur Ambroix. Comment va cette vieille santé ? J’ai là quelque chose pour vous.

ambroix, il remet son fauteuil en scène.

Ah ! ah ! il parait que le courrier a donné aujourd’hui ; il ne donne pas souvent, le courrier. Mais, avant tout, il me faut de vos nouvelles, père Anselme. Eh bien ! ces jambes, comment vont-elles !

le facteur

Oh ! les jambes, j’en suis assez content ; mais les yeux ne se conduisent pas aussi bien.