Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/265

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phrases-là avec moi… Un service n’est jamais un mauvais service. Il n’y a qu’un mauvais service au monde, c’est celui qu’on ne rend pas. Du reste, libre à vous ; je suis un peu gêné en ce moment ; mais enfin…

margarot, haussant les épaules.

Un peu gêné… allons donc !… C’est-à-dire que vous avez la corde au cou et que vous tirez une langue. Oh ! ne me dites pas non, je le sais. Je connais votre situation mieux que vous-même. (Baissant la voix sur un geste d’Henri.) Ce n’est pas d’aujourd’hui que je vous vois dans la nasse, mon petit. Il y a beau temps que le vent a tourné pour vous et que les commandes n’arrivent plus. Vous avez été obligé de déménager, de vendre presque tous vos meubles. Dernièrement encore…

henri.

Ah çà ! monsieur Margarot, je crois que vous m’espionnez !

margarot.

Parbleu ! il faut bien que je sache exactement où vous en êtes, pour pouvoir, le moment venu, quand je vous verrai à vos dernières pièces, arriver là juste à point, avec un petit traité bien en règle, comme celui-ci. (Il tire un papier timbré de sa poche.)

henri, tournant le dos.

Comment ! Encore… Laissez-moi donc tranquille, avec votre traité.

margarot, lisant et marchant derrière lui.

« Entre les soussignés Paulin Margarot, fabricant