Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frédéri.

Ma mère, ma mère, je t’aime… ne pleure pas… Ah ! ne pleure pas, bon Dieu !

rose.

Parle-moi donc, alors, puisque tu m’aimes.

frédéri.

Mais que veux-tu que je te dise ?… Eh bien, oui, j’ai eu une mauvaise journée, aujourd’hui. Il fallait bien s’y attendre. Après des secousses pareilles, on n’arrive pas au calme tout d’un coup. Regarde le Rhône, les jours de mistral ; est-ce qu’il ne s’agite pas encore longtemps après que le vent est tombé ? Il faut laisser aux choses le temps de s’apaiser… Voyons, ne pleure pas. Tout cela ne sera rien… Une nuit de bon sommeil à poings fermés, et demain il n’y paraîtra plus… Je ne songe qu’à oublier, moi, je ne songe qu’à être heureux.

rose, gravement.

Tu ne songes qu’à ça ?

frédéri, détournant la tête.

Mais oui…

rose

Bien vrai ?

frédéri.

Bien vrai.

rose, tristement.

Tant mieux, alors…