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Scène IV


ROSE, L’INNOCENT.
L’Innocent sort de la chambre de gauche, pieds mis, ses cheveux blonds tout ébouriffés, sans blouse, sans gilet, rien qu’un pantalon de futaine retenu par une bretelle. — Ses yeux brillent, son visage a quelque chose de vivant, d’ouvert, d’inaccoutumé.
l’innocent, s’approcha lit, un doigt sur les lèvres.

Chut !

rose.

C’est toi ?

l’innocent, bas.

Couchez-vous, et dormez tranquille… Il n’y aura rieu encore cette nuit…

rose.

Comment ! rien… tu sais donc ?…

l’innocent.

Je sais que mon frère a un grand chagrin, et que Vous me faites coucher dans sa chambre de peur qu’il ne retourne son chagrin contre lui-même… Aussi voilà plusieurs nuits que je ne dors que d’un œil… Depuis quelque temps, il allait mieux ; mais, cette fois, la nuit a été bien mauvaise… Il a recommencé à pleurer, à parler tout seul. Il disait : « Je ne peux pas… je ne peux pas… il faut que je m’en