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rose.

Si je veux ! (Elle l’embrasse avec fureur.) Je t’en dois tant, de ces caresses. (Elle l’accompagne jusqu’à la chambre.) Va dormir, mon chéri, va.



Scène V

ROSE, seule.


Plus d’innocent dans la maison ! Si ça allait nous porter malheur… Ah ! qu’est-ce que je dis là ?… Je ne mérite pas cette grande joie qui m’arrive… Non ! non ! Ce n’est pas possible. Dieu ne m’a pas rendu un enfant pour m’en enlever un autre… (Elle courbe un instant la tête devant une madone incrustée dans le mur, elle va vers la porte de la chambre et elle écoute.) Rien… ils dorment tous deux. (Elle ferme la fenêtre du fond, range quelques objets, quelques sièges, puis entre dans son alcôve et tire son rideau. — Musique de scène. — Le petit jour commence à blanchir les grandes vitres du fond.)



Scène VI

FRÉDÉRI, ROSE, dans l’alcôve.


frédéri, il entre à demi vêtu, l’air égaré. Il écoute et s’arrête.

(Bas.) Trois heures. Voilà le jour. Ça sera comme dans l’histoire du berger. Elle s’est battue toute la