Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/62

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léonard

Les petites fleurs sont capricieuses, demoiselle Suzette ; jamais méchantes…

suzette, lui tendant la main.

Je ne veux être ni l’une ni l’autre avec vous, Leonard… Que tortillez-vous donc là depuis une heure ?

léonard

La musique que Mademoiselle a composée pour son cousin Eustache, et dont elle m’avait demandé une copie…

suzette

Voyons… C’est, ma foi ! très propre, et vous êtes un copiste fort adroit… Sur le clavecin, je vous prie. (Léonard pose la musique.) Ah ! Léonard, Léonard ! si vous saviez comme le cœur me bat à l’idée que dans une heure, mon cousin sera là, à la place où vous êtes, et que je le verrai, comme je vous vois.

léonard, tout bas.

Oui, mais pas du même œil.

suzette

Par exemple ! j’ai quelque chose qui trouble ma joie, et, comme disent ces messieurs les docteurs, il y a une mouche dans mon gobelet ! il faut que vous me l’ôtiez.

léonard, à part.

Elle parle déjà comme le cousin… (Haut.) Voyons !