Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eustache, s’assied dans le fauteuil.

Hé ! l’ami ! puisque vous êtes eu voix, appelez donc bien fort ma tante Brigitte, et dites-lui, je vous prie, qu’Eustache vient d’arriver.

léonard, s’approchant un peu.

Ail ! c’est vous qui êtes monsieur Eustache ?

eustache

Aussi vrai que vous vous appelez Léonard.

leonard

Tiens ! vous me connaissez ?

eustache

Je ne vous connais pas ; mais je vous reconnais au portrait que m’ont fait de vous les lettres de Suzon.

léonard, avec ironie.

Je suis ressemblant, à ce qu’il paraît.

eustache, le toisant.

Frappant, mon cher ! (Il se lève.) Ah çà ! monsieur Léonard, maintenant que vous voilà remis de vos frayeurs, vous m’apprendrez, j’imagine, où vous avez caché ma famille ?

léonard, il se remet à épousseter.

Votre famille ? je ne sais pas ; j’ai entendu dire… (Se ravisant.) Ces dames sont allées faire une promenade en voiture, avant dîner. Attrape !

eustache, moitié riant, moitié fâché.

Voilà ce qui s’appelle manquer proprement son entrée !… Comment ! je reviens ici, après dix ans