Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/81

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ce grand rayon de soleil qui nous a vus tant de fois rire et jouer ensemble… Je te dis que c’est le même, je le reconnais. (Suzette s’approchant de lui.) Enfin, je vais pouvoir te regarder à mon aise et reprendre où nous l’avions laissé notre cher bavardage du temps jadis !… Oh ! Suzette, si tu savais de combien de bonnes choses j’ai le cœur rempli, et quel ineffable plaisir j’éprouve à me trouver ici… tout ce qui m’entoure, ces meubles, ces vieux meubles sous lesquels nous courions comme un couple de souris, ces chers coins où l’on se blottissait pour lire Rohinson Crusoé, cette tapisserie, ces dessins, ces fleurs, toutes ces choses de mon passé, je les reconnais et je les aime… toi aussi, toi surtout, Suzette, ma jolie Suzette d’autrefois, ma belle Suzette d’aujourd’hui, je te reconnais.

léonard

Hum ! hum !

eustache, baissant la voix.

Voici par exemple un meuble nouveau, que je ne reconnais pas et que je n’aime guère…

suzette

Oh ! il n’est pas gênant.

eustache

C’est égal, je demande qu’on le déménage…

suzette, haut.

Léonard !

léonard

Demoiselle Suzette ? …