Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/264

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porter sur le divan la jeune femme et lui bassina ensuite le front avec de l’eau fraîche ! Le capitaine de Senancourt s’accusait de maladresse.

— La pauvre petite Madame n’est pas habituée au bonheur, c’est cela plutôt, Monsieur André. Mais voyez, elle revient à elle. Faites-lui prendre un verre de ce vieux vin, je vous en prie, Monsieur. Je m’éloigne, moi. Si les petits allaient se réveiller… Ils ont déjà eu tant de mal à céder à la fatigue…

Perrine ouvrit tout grands les yeux et regarda avec surprise, André, agenouillé près d’elle.

— André ! Enfin !… Tu m’es rendu !

— Prends ce vin pour te réconforter, mon amour… Il le faut… Tu me feras plaisir… Allons, fais un effort. Bien !

— André, qui t’a appris ?… Tout ? Tu sais… oh ! tu sais que Charlot… n’est plus… Mon Dieu ! mon cœur est déchiré… Ce n’est pas possible !… André de ne plus voir, mon frère, de ne plus l’entendre rentrer chaque soir, et m’appeler… de sa voix… pleine d’entrain… André, pourquoi Charlot, m’a-t-il ainsi quitté ?… Oh ! Charlot, Charlot !…

Et Perrine se prit à sangloter convulsivement. André la prit tout contre lui. Il laissa un moment ce chagrin étouffant s’exprimer. Puis, avec autorité, il prit entre ses mains la figure tirée, pâlie, couverte de larmes.