Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/40

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son gré à cause de son bel uniforme. La petite Perrine se familiarisa moins vite. La belle tante dut vite la reprendre entre ses bras, car les pleurs allaient venir.

On reprit la route de la maison. Et de nouveau Perrine et Charlot regardèrent avec surprise le sombre André de Senancourt d’autrefois. Il devisait maintenant avec gaieté sur tout ce qu’il revoyait. Qu’il était différent, méconnaissable presque ! « À la bonne heure, pour mon frère, pensait Perrine, il aidera à ce pauvre ami à refaire son humeur et sa santé. » En elle-même, elle se félicitait aussi du peu d’attention que lui témoignait le jeune officier, entièrement absorbé par la vue de Charlot… Ce qu’elle avait prévu se réalisait. Cet élégant officier ne se souvenait certes plus du sentiment que lui avait inspiré, durant quelques mois peut-être, une blonde jeune fille canadienne. « Allons, tout s’annonce pour le mieux… de part et d’autre », se répétait la jeune fille, sans peut-être s’en convaincre tout à fait. Au fond de son cœur, elle se troublait et des craintes naissaient autour d’un état de choses nullement pressenti. Qu’est-ce que tout cela allait lui réserver ? Cet André de Senancourt inconnu, quels seraient ses projets ? Charlot lui était toujours aussi cher, cela était évident. Mais quel regard étincelant et froid avait un instant creusé le sien ! Elle en éprouvait encore une brûlante confusion. Sa fierté s’en était trouvée atteinte bien profondément.