Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/76

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brûlant… Mais depuis, je ne me sens pas le courage de reparler de ces projets. L’attitude de ma sœur et de mon beau-frère, lorsqu’ils sont ensemble, me paraît bien mystérieuse. Qu’y a-t-il derrière ces fronts impassibles, ces yeux qui ne se croisent jamais ?

— Il y a un fort sentiment de l’honneur, en tout cas, en ces deux cœurs. Nous allons y faire appel, Charlot. Je parlerai à Perrine. Vous verrez André.

— Quelle tâche vous m’imposez, Madame ! s’exclama Charlot en se levant et en marchant avec agitation dans la grande pièce. Un crépuscule hâtif remplissait déjà d’ombre tous les angles.

— Pas du tout, Charlot. Voyons, vous n’avez donc jamais surpris un de ces regards pleins de tendresse douloureuse que pose le capitaine de Senancourt sur votre sœur, lorsqu’il ne se croit pas observé ?

— Mon beau-frère est ridicule. Pourquoi ne force-t-il pas l’entrée de cette âme de jeune fille ? L’audace ne vainc pas toujours, mais plaît beaucoup aux femmes… Oh ! pardon, Madame… Je suis irrespectueux… J’oublie devant qui je parle.

— J’ai été jeune, mon ami. Je ne puis vous donner tout à fait tort. Rassurez-vous donc et parlez en toute liberté. Laissez-moi vous dire, cependant, qu’il y a des exceptions à la règle générale. L’éducation sérieuse qu’a reçue Per-