Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/33

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échangés avec les siens, quelle atroce brûlure le cœur de Jean ressentait !

Le jour parut enfin. Le vent s’apaisa. Jean marchait toujours. Il aperçut à quelque distance un lac immense. Force lui fut de s’arrêter et de songer à construire un radeau. Une traversée à la nage eût été imprudente après les fatigues de la nuit. Sans cela, ce n’eût été qu’un jeu pour Jean, qui était d’une agilité étonnante dans l’eau. Il s’assit au pied d’un arbre. Il ouvrit sa besace. Il avait faim. La vue d’un beau morceau de fromage, frais, taillé avec soin, mit de la tristesse dans ses yeux. N’était-ce pas sa mère qui avait elle-même préparé ce fromage ? En sortant de sa poche le couteau dont il se servait aux repas, Jean fit tomber une longue enveloppe jaunie. Il se pencha. « Hé ! hé ! s’exclama-t-il. Voici la lettre de mon parrain. Elle se montre bien à propos. J’en étais à me demander de quel côté diriger mes pas, une fois le lac traversé. » Il brisa le cachet et lut ce qui suit :


Mon cher filleul,

Vous avez maintenant vos quinze ans. Je vous en félicite. Mais avez-vous autant de courage que d’années, mon enfant ?… Il vous en faut. Vous devez venir me rejoindre coûte que