Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/31

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LE lendemain, dimanche, un soleil brillant se leva sur le village de Saint-Denis. Michel sauta du lit de bonne heure. Un moment, le front contre la vitre, il contempla la campagne, si fraîche à cette heure matinale, chargée de parfums, et qui s’ornait tout près de pommiers en fleurs. Le mois de mai se maintenait radieux, éclatant de couleurs, frémissant de brises tièdes, en cette année 1848. Le jeune homme soupira. La féerie du printemps n’habitait pas son cœur. Qu’était-il venu chercher en ce coin du Richelieu qui lui serait toujours cher ? Des souvenirs poignants, l’image inoubliable d’un protecteur à jamais disparu. La fière silhouette du patriote-martyr, Olivier Précourt, le hantait, vraiment, depuis la veille. En rêve même, il l’avait revu. Un moment, sa taille élégante s’était inclinée vers lui. Ses lèvres, qui ne faisaient pourtant entendre aucun son, murmuraient : « Michel, où est ma petite Josephte ? Tu l’as donc oubliée ? Michel, retrouve-la… Mais hâte-toi, Michel, hâte-toi ! »

Oublier Josephte ! se répétait en cet instant le jeune homme, les yeux assombris. Il ne le pouvait, le voulût-il. L’ombre d’Olivier Précourt pouvait dormir en paix. Elle restait pour lui