Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/122

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Français », pourquoi ils avaient osé montrer une telle perfidie. L’un d’eux pointa alors les Hurons et les Algonquins, qui se mêlaient aux Montréalistes, et répondit en raillant : « Les Français tiennent si bien entre leurs bras les Hurons et les Algonquins qu’il ne faut pas s’étonner si, en voulant frapper les uns, les coups tombent quelquefois sur les autres. »[1]

Charles Le Moyne resta saisi de cette réponse, qui témoignait d’une bien rare présence d’esprit. Mais sans le faire paraître le moins du monde, d’un ton impassible, il la rapporta en français au tribunal qui s’en montra indigné, mécontent et se hâta de terminer l’enquête en face d’une telle méchanceté consciente. M. de Maisonneuve ordonna en plus de continuer « à arrêter et à mettre aux fers tous les Iroquois qu’on pourrait saisir dans l’île de Montréal, de quelque nation qu’ils fussent ».

Fort soucieux, M. de Maisonneuve réintégrait peu après dix heures ses modestes appartements. Il y était à peine entré qu’on frappait doucement à la porte. Il ouvrit aussitôt, puis recula. Il avait devant lui les épouses des victimes de la veille.

« Entrez, Mesdames, je vous en prie », dit le gouverneur avec bonté.

  1. Historique.