Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/180

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bagages de toutes sortes et surtout les embarcations, préparées avec tant de prudence et de crainte.

Vers une heure de relevée, les sauvages qui mangeaient depuis près de cinq heures demandèrent grâce. Radisson, la figure aussitôt en détresse, les yeux en larmes, les mains jointes, cria d’un ton lamentable : « Oh ! vous voulez que je meure, car c’est un festin à tout manger. Mon père, mon père, continuait-il en venant se jeter aux genoux de son père adoptif, sauvez-moi, sauvez-moi ! Par pitié ! »

Et l’orgie avait continué jusque vers trois heures. Mais alors, le capitaine Dupuis vint donner le signal convenu. Radisson se livra aussitôt à une pantomime folle. Il chanta sa joie d’être délivré. Il permit aux sauvages, dont la plupart pouvaient à peine porter la main à la bouche, de cesser le festin. Il promit un bon sommeil réparateur à tous ces grands cœurs. Pour le rendre plus facile son compagnon et lui allaient jouer de douces musiques, bien monotones : de la flûte et de la guitare. Oui, on pouvait maintenant dormir, dormir, et cela sans crainte, jusqu’au lendemain, très tard. D’ailleurs les Français se sentaient eux aussi fatigués de tant de bombances et avaient besoin de repos jusqu’au lendemain, peut-être plus longtemps.

Enfin, l’emplacement du banquet ne con-