Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/39

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Ah ! poursuivit avec agitation Charlot, en se levant et en marchant au travers de la chambre, je suis vraiment indigne des âmes très hautes qui m’entourent… Je les blesse, je les peine… à mon insu le plus souvent.

— Ne t’énerve pas ainsi, enfant. Reviens t’asseoir…

— Bonne-maman, posez la main sur ma tête si peu raisonnable, cria soudain Charlot, en se mettant à genoux près du lit de l’aïeule. Bénissez le pauvre Charlot qui veut accomplir tout ce que vous désirez, allez !

— Je le sais, mon enfant. Je te bénis de tout cœur, ainsi que tu le désires. Je t’aiderai de là-haut à remplir ta promesse. Va, maintenant, mon enfant… quitte-moi. Je vais reposer… Le sommeil me gagne. Maintenant que j’ai causé avec toi, il sera bon, si bon… ce sommeil. »

La bonne aïeule ferma en effet les yeux, joignit les mains sur la poitrine, mais elle murmura encore :

— Va, mon enfant… dis à Perrine… que je suis heureuse, heureuse, finit-elle très bas.

Et il sembla à Charlot, qui s’attarda quelques instants pour la regarder dormir, qu’un sourire effleurait et illuminait toute cette mince figure aux rides si peu nombreuses encore. Il sortit sur la pointe des pieds et quitta bientôt la maison. Il avait besoin d’une détente. Une longue marche lui permettrait de reprendre