Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/292

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chambre. L’aïeule y entra plusieurs fois mais ne voulut pas y demeurer afin qu’il reposât plus sûrement. Vers sept heures, le soir, Olivier sortit tout à coup de son sommeil, parfaitement délivré de toute torpeur. Il se dressa sur son séant. Il regarda partout. Personne n’était donc demeuré auprès de lui ? C’était étrange. Et sa grand’mère ? Vaguement, il se souvenait qu’il y avait une heure à peine elle s’était penchée sur son front ; elle avait murmuré certaines paroles qui lui avaient semblé étranges. Mais quelles étaient ces paroles ? Il passa la main sur son front. Ah ! oui… la mémoire lui revenait : « Mon grand… comme je voudrais ne pas te quitter… maintenant… Mais si Dieu le veut, qu’y puis-je ? Mon enfant chéri, je te laisse mon âme… Ma paix… mon amour ! »

Olivier fut soudain debout. Un serrement de cœur horrible venait de le saisir. Qu’avait-il donc ? Était-ce la maladie seulement qui l’étouffait ainsi ? Ramassant toutes ses forces, il s’habilla. Ses nerfs agités lui donnaient une force factice extraordinaire. Il prit un verre de tisane puis sortit de sa chambre. Au même instant, à l’autre bout du corridor, Sophie, la figure bouleversée, quittait la chambre de sa grand’mère. Elle courut vers lui avec des gestes d’effroi.

— M. Olivier, que faites-vous ? Avec votre fièvre !

— J’en suis délivré, Sophie. Ne vous alar-