s’appuyant sur une canne de jonc, à pomme d’or, cadeau récent de la grand’maman Précourt à son médecin et ami.
— Eh ! eh ! commença-t-il, jeune Madame, on se permet donc d’être malade en ces tièdes journées de mai ? Ça me ragaillardit, moi… Voulez-vous que nous causions médecine avant que je vous inflige une défaite écrasante au whist. Je vois la table toute prête pour de bons joueurs comme nous.
— Docteur, mes petits-enfants s’alarment à tort, je vous assure. Je ne me sens pas plus mal qu’à l’ordinaire… Pas plus inquiète, en tout cas.
— Ah !… on est inquiète ? C’est la faute à qui ? Ah ! ah ! Allez-y, ma vieille amie, chargez encore mon neveu Papineau de ce méfait névralgique. C’est la faute à Papineau, toujours. Nos malheurs politiques, l’insolence anglaise, ici au Canada…
— Docteur, laissons la politique, même assaisonnée de plaisanteries… Hélas ! les jeunes ne savent pas doser comme nous, ce… ce…
— Ce poison, grand’mère, dites-le sans vous gêner, fit Olivier en riant. Surtout ne faites pas ces yeux tristes…
— Hum ! Hum ! fit le docteur.