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Page:Daviault - La Grande aventure de Le Moyne d'Iberville, 1934.djvu/108

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À LA BAIE D’HUDSON

La France avait parfois d’étranges théories sur le commerce, comme on peut le voir dans ce passage de Bacqueville de La Potherie qui se faisait, en économie politique comme en médecine, l’écho des idées courantes : « Au reste quand la France ne garderait point ce quartier-là, le Commerce de la Pelleterie du Canada n’y perdroit pas, au contraire il en vaudroit mieux. Cette abondance de pelleterie de surcroit de la baye d’Hudson ne peut faire que du tort à celui-là, si dans la suite l’on conservoit ce Fort, surtout dans un temps de paix. Les marchands du Canada seroient pour lors obligez de vendre aux Sauvages leurs marchandises à vil prix. L’on commence à se passer en France de beaucoup de pelleteries, et on néglige même de porter des palatines par une mode toute nouvelle que l’on a trouvée d’en faire de petits rubans. » Ce que la Potherie ne voyait pas, c’est que la France exportait beaucoup de castor en Hollande, en Allemagne, en Moscovie, marchés que les Anglais lui ravirent quand ils s’installèrent à la baie d’Hudson.

Ces idées n’étaient pas celles d’Iberville. La Potherie ne s’inspirait jamais de son commandant. Cela se voit bien dans le récit de l’expédition, où ce hâbleur s’arrange souvent pour diminuer le mérite de tous et pour exalter celui du commissaire, le sien, même dans les engagements militaires. « Si tout autre que moi avoit commandé