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Page:Daviault - La Grande aventure de Le Moyne d'Iberville, 1934.djvu/115

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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

vreur, la cour ne s’occupait plus de la colonie qui portait le nom du Roi-soleil, comme si elle craignait cette terre dévoreuse d’hommes. Mais le grand roi ne l’oubliait pas. Réservant l’avenir, dans ses instructions aux commissaires chargés de préparer le traité de Ryswick, il leur enjoignait de ne rien accorder au sud des pays possédés par les Français en Amérique, « afin que les Anglois ne fussent pas en estat de prétendre à l’embouchure du Mississipi, dont ses sujets avaient déjà pris possession en 1685, sous le commandement du feu sieur de La Salle ».

De Soto avait découvert le Mississipi. Joliet et Marquette l’avaient vu. Seul, La Salle l’avait exploré en son entier. Seulement, il fallait en trouver l’embouchure par la mer, afin de l’atteindre rapidement de France et de communiquer avec les îles de l’Amérique française, afin aussi d’empêcher les Espagnols ou les Anglais d’occuper la côte. À ce triple intérêt économique, politique et militaire, s’en ajoutait un d’ordre scientifique.

Le père des eaux a toute la majesté que les poètes veulent bien lui accorder, mais son delta, sur une étendue de 1 400 milles carrés, forme un réseau de criques, de bayous, de passes. Ses bras nombreux traversent des marécages, contournent des îles alluvionnaires. Encore aujourd’hui, l’entrée en serait méconnaissable sans les signaux. Des