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Page:Daviault - La Grande aventure de Le Moyne d'Iberville, 1934.djvu/206

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À LA LOUISIANE
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temps : saignées aux pieds et aux bras, « pigeons aux plantes des pieds et sur le cœur ».

D’Iberville en est atteint. Affaibli par la longue maladie des années précédentes, il n’offre aucune résistance. Le mal le terrasse bientôt. Cette fois, il sent que c’est grave. Sera-t-il arrêté longtemps ? Tout retard peut être fatal. Va-t-il manquer son œuvre au moment de toucher au but ? L’angoisse s’empare de lui. surexcité par la fièvre, il pousse les préparatifs. De son lit, il multiplie les ordres, parfois incohérents ; ses subalternes, consternés, se gardent de lui obéir. Il veut partir tout de suite, malgré la maladie, malgré tout. Pourquoi le retient-on ? Il n’aura qu’à se montrer, la flotte de Virginie fondra et ce ne sera ensuite qu’un jeu…

Dans le grand port, aux eaux couvertes de bateaux qui ont replié leurs voiles, règne un silence lugubre. Les aventuriers rassemblés par d’Iberville sont atterrés. Êtres fantastiques, rudes, brutaux ; coureurs des bois, boucaniers terrifiants, nègres qui se rappellent leur Guinée natale, gens de sac et de corde, tout ce monde sans aveu redoute le départ du seul homme sous l’autorité duquel ils aient jamais consenti à se réunir en corps discipliné. Ce Le Moyne est un des leurs ; mieux qu’aucun d’eux, il sait monter à l’abordage d’un navire ; ou bien courir sus, en raquettes, à un ennemi loin-