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LE BARON DE SAINT-CASTIN

la Plymouth Company un domaine s’étendant du 40e au 48e parallèle en Amérique : l’Acadie, le Canada et des pays inexplorés s’y trouvent englobés. L’année suivante, il crée, à l’intention de son favori, le médiocre poète sir William Alexander, une Nouvelle-Écosse qui s’étend « de Terre-Neuve au Massachusetts ». Ne réussissant pas à peupler sa colonie, Alexander imagine de créer l’ordre des baronnets de la Nouvelle-Écosse : quiconque y enverra six colons et versera 1 000 marks en or au Lord Lieutenant of Nova Scotia recevra un beau parchemin nobiliaire. Pour prendre possession du pays, sir William fonde, avec les frères anglo-normands Kirke et autres aventuriers, la compagnie des Marchands aventuriers du Canada. On est en 1625. Trois ans se passent. Nommé lieutenant-amiral d’une flotte dont Alexander est l’amiral titutaire, David Kirke prend dans le golfe Saint-Laurent, en pleine paix toujours, dix-huit navires de ravitaillement envoyés par la compagnie des Cent-Associés à Québec et Port-Royal. Ces deux villes tombent bientôt au pouvoir des Anglais et Alexander envoie son fils avec deux bateaux occuper Port-Royal. Le traité de Saint-Germain, en 1632, rend les deux villes à la France, mais Charles 1er d’Angleterre, traître à la parole jurée, déclare, dans une lettre au conseil privé d’Écosse, qu’il entend garder tous ses « droits » sur l’Acadie.

L’état d’hostilité persiste entre la Nouvelle-Angleterre et l’Acadie. En 1643, aidés de Charles Latour, les Bostonnais saccagent encore Port-Royal. Mais arrivons-en au coup qui nous ramènera à notre histoire.


Au printemps de 1654, le Massachusetts prépare une expédition de quatre vaisseaux, montés par 500 hommes et commandés par le major Sedgewick, contre l’établissement hollandais de Manhattan. Mais Cromwell signe la paix avec la Hollande le 5 avril. Les Bostonnais ne veulent pas en être pour leurs frais. En pleine paix avec la France et « sans ordres », ils dirigent la petite escadre contre l’Acadie qui gêne toujours leur pêche et leur commerce. Peut-être grâce à la connivence de l’équivoque Charles Latour et du non moins traître Emmanuel Le Borgne, ils s’emparent des établissements de Pentagoët, de Jemseck, de Port-Royal et de La Hève. Il ne reste plus de français que l’habitation de Nicholas Denys au