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LA GUERRE DE SAINT-CASTIN

à prendre en terres non concédées le long de la rivière Saint-Jean, joignant celles de Jemseck et sur une pareille profondeur » 16. Générosité peu coûteuse pour Versailles. Elle avait pour objet d’attacher plus solidement à la France un homme indispensable dans ce coin du monde. Quant à Jean-Vincent, s’il ne pouvait en tirer grand avantage, il avait intérêt à ménager l’avenir, car il avait plusieurs enfants.


— IV —


Saint-Castin contre Boston. — La fugue d’Andros coûta cher à Boston. De retour en Acadie, Saint-Castin poussait les Indiens à la guerre 17. Il les convainquit sans peine : ils ne demandaient qu’un prétexte, si nombreux étant leurs griefs contre les Anglais 18. Ceux-ci ne leur versaient pas le tribut spécifié dans le traité de 1678 ; ils dépeuplaient les fonds de pêche par l’emploi de seines ; leur bétail détruisait les champs de maïs ; enfin, ils s’étaient emparés du territoire de Pemquid sans aucune permission, « tandis que dans les affaires ils fraudaient les sauvages si même ils ne les volaient pas purement et simplement » 19.

L’heure était bien choisie, puisque les tribus restées en Nouvelle-Angleterre offraient leur alliance aux Abénaquis.

Les Anglais eurent vent de quelque chose et l’inquiétude envahit leur capitale. Mais le gouverneur Andros, animé d’un bel optimisme, proclamait l’impossibilité de la guerre. Quand des courriers lui firent connaître d’inquiétants mouvements dans les wigwams, il voulut entamer des négociations, par l’intermédiaire de M. Stoughton. Les sauvages lui répondirent par une attaque soudaine contre North-Yarthmouth, dans la province du Maine.

Ainsi débuta une guerre acharnée de plus de dix ans, que des historiens de la Nouvelle-Angleterre ont appelée « la guerre de Saint-Castin » 20. D’autres lui donnent le nom de « guerre du roi Guillaume ».

Dès l’été, les Indiens se répandaient en Nouvelle-Angleterre. Le capitaine-juge Blackman de Casco, au cours d’une sortie contre eux, s’empara de 18 prisonniers. Cette fugue eut des conséquences funestes 21.