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pes en sont venues aux mains avec les habitants de Saint-Denis et de quelques autres paroisses, et qu’elles ont été repoussées dans cette lutte. La mort de M. Weir a eu lieu dans un moment où l’excitaton, le désespoir et l’indignation étaient à leur comble dans Saint-Denis ; les troupes entraient dans le bas du village, le tocsin sonnait, l’on criait et l’on volait aux armes de tous côtés ; les pères, les mères, les frères, les sœurs, voyaient en imagination ce que la réalité devait leur montrer quelques jours après : le fer et le feu portés dans leurs paisibles habitations. Si l’on joint à cela que le bruit courait dans le village que l’infortuné Weir avait été fait prisonnier, qu’il était un espion porteur de dépêches pour faire marcher les troupes de Chambly sur Saint-Denis, qui aurait, par ce moyen, été investi en tous sens, et la crainte que dut causer la nouvelle que cet officier avait réussi à s’échapper, l’on aura encore qu’une faible idée de l’état dans lequel se trouvait la population, dont la terreur devait s’accroître au bruit de la mousqueterie, qui se faisait déjà entendre dans le bas du village !  !  ! Les atrocités qui ont été commises sur le corps du lieutenant Weir (mais auxquelles, Dieu merci, le prisonnier est étranger) n’ont pu avoir lieu que dans un moment comme celui-là. Jamais, non jamais des Canadiens dont la douceur, l’humanité et l’hospitalité sont passées en proverbe, ne s’en seraient souillés sous d’autres circonstances.

« Avant le malheureux moment où cet infortuné jeune homme tenta de s’échapper, après avoir donné sa parole d’honneur qu’il n’en ferait rien, les soins les plus continus lui avaient été prodigués ; on l’avait traité comme un gentilhomme, et, s’il se fût conformé aux avis du brave Dr Nelson, aussi bienfaisant que courageux, il n’aurait pas essayé à s’enfuir ; sa vie, par conséquent aurait été conservée. Voyez Maillet lui-même, un de ceux qui l’ont tué ; Maillet, depuis la