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les patriotes

nous séparerons paisiblement, si nous ne sommes pas attaqués. »

Une grande agitation régna dans la ville toute la journée du samedi et du dimanche.

Le lundi, vers midi, les rues de la ville étaient animées et remplies de groupes nombreux. C’étaient, outre beaucoup de curieux, les Fils de la liberté et les membres du Doric Club qui se rendaient, les premiers, à leur lieu de réunion sur la rue Saint-Jacques, et les autres sur la Place d’Armes.

Les Fils de la liberté furent tous fidèles au rendez-vous ; ils s’y trouvèrent en grand nombre.

Plusieurs propositions furent adoptées, et des discours vigoureux furent prononcés par MM. Brown et Édouard Rodier. M. Édouard Rodier, qui était l’orateur le plus populaire et le plus entraînant de l’époque après M. Papineau, fit un discours chaleureux où, après avoir dit que les Canadiens trouveraient dans l’union et dans le patriotisme de la jeunesse les moyens de vaincre la bureaucratie, il ajouta : « Nous sommes maintenant les Fils de la liberté, mais on nous appellera bientôt les Fils de la victoire. »

Tout à coup un grand bruit se fait entendre dans la rue, et des pierres commencent à tomber dans la cour où se tenait l’assemblée. Les deux tiers des Fils de la liberté étaient alors partis ; il pouvait en rester deux à trois cents.

C’étaient les membres du Doric Club, qui venaient troubler la réunion si paisible des Fils de la liberté, et créer une bagarre dont les bureaucrates se prévaudraient ensuite pour appeler la vengeance des autorités sur les patriotes. D’ailleurs, ils n’avaient rien à craindre, car ils savaient qu’au premier signal la troupe sortirait pour les soutenir.

Les Fils de la liberté exaspérés par la conduite des bureaucrates, résolurent de se faire un chemin en leur