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les patriotes

Lettre de de Lorimier à sa sœur après son emprisonnement.


« Montréal, Prison Neuve, 20 décembre 1838.
« Ma chère sœur,

« Notre prison offre aujourd’hui un aspect terrible ; immédiatement sous nos yeux les valets altérés de sang d’un gouvernement cruel et despotique s’occupent joyeusement à dresser l’échafaud sur lequel doivent d’abord périr deux de nos braves compatriotes qui seront suivis d’un plus grand nombre. Les deux infortunés et généreux patriotes qui doivent être sacrifiés demain, sont messieurs Joseph-Narcisse Cardinal, notaire public, et Joseph Duquet. Francis Maurice Lepailleur et Maurice Thibert qui ont été condamnés dans le même temps, ont obtenu un sursis. Ils sont tous de Châteauguay. À chaque minute je m’attends à être séparé de mes compagnons de prison et d’être mis dans une autre pièce pour y attendre mon procès qui aura probablement lieu bientôt. L’échafaud dressé devant moi ne jette pas de terreur dans mon âme, car depuis longtemps je suis résigné à mon sort. La plateforme est érigée au-dessus de la porte principale de la prison. On la peut voir de la rue près des grands arbres qui sont au sud. J’espère que lorsqu’arrivera le jour où le sanguinaire gouverneur de cette province ordonnera qu’on m’ôte la vie sur l’échafaud, toute ma famille et tous mes amis viendront me voir rendre le dernier soupir, ce que je ferai avec joie peur relever mon pays de sa dégradation politique actuelle. Je prend la liberté de les inviter dès maintenant ; peut-être ne le pourrai-je pas plus tard. Je puis les assurer qu’ils n’auront pas lieu de craindre que je montre un signe de faiblesse, mais qu’au contraire ils me verront calme et serein, marcher avec courage vers ma tombe préma-