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LA SOUSCRIPTION De LORIMIER


Dans le mois de février 1883, le Dr Fortier, de Sainte-Scholastique, publiait dans la Tribune de Montréal, une lettre qui émut profondément le cœur de notre population. Il levait, dans cette lettre, un coin du voile qui cachait, depuis près de quarante-cinq ans, l’existence humble de la famille d’une des victimes les plus nobles, les plus admirables de 1837-1838. Il disait que dans le joli village de l’Assomption vivaient, dans le deuil et l’abnégation, la femme et les deux filles de de Lorimier. Il demandait s’il n’était pas temps de payer en partie la dette sacrée que nous avons contractée le jour où de Lorimier, à la veille de monter sur l’échafaud, recommandait en termes si éloquents sa femme et ses enfants à la sympathie de ses compatriotes. « Ô mes compatriotes, s’écriait-il, je vous confie mes enfants. Je meurs pour la cause de mon pays, de votre pays ; ne souffrez donc pas que ceux que je suis obligé de quitter, souffrent de la pauvreté après ma mort ! »

Dans le testament politique qu’il écrivit, la veille de sa mort, à 11 heures du soir, il disait :

« Pauvres enfants, vous n’aurez plus qu’une mère tendre et désolée pour soutien ! Si ma mort et mes sacrifices vous réduisent à l’indigence, demandez quelquefois en mon nom, je ne fus jamais insensible à l’infortune. »