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tion. Persuadé que toutes les révolutions demandent, dans le commencement, des sacrifices et des actes d’énergie, d’audace même, il crut que tout le Nord se soulèverait en masse, si les troupes anglaises étaient battues à Saint-Eustache. La nouvelle de la défaite de Saint-Charles ne le découragea pas ; il n’y crut qu’à demi, et, d’ailleurs, c’était un de ces hommes de fer que rien n’arrête, que rien ne détourne de leur but.

Le 13, M. Chartier, curé de Saint-Benoît, vint visiter les patriotes au camp de Saint-Eustache, et les encouragea à marcher courageusement dans la voie où ils étaient entrés. Girod prit aussi la parole avec une énergie qu’il aurait dû déployer sur le champ de bataille.

Le 14, l’alarme fut donnée ; on sonna le tocsin, et les patriotes se préparèrent au combat. Deux mille hommes d’infanterie, avec neuf pièces d’artillerie, cent vingt hommes de cavalerie et une compagnie de volontaires de quatre-vingts hommes, sous le commandement du capitaine Maxime Globenski, arrivaient à Saint-Eustache.

La compagnie du capt. Globenski ayant fait, la première, son apparition à Sainte-Rose, vis-à-vis de Saint-Eustache, les patriotes crurent que c’était la seule force qu’ils auraient à combattre. Cent cinquante hommes partirent, sous le commandement de Chénier, pour la déloger. Ils s’élancèrent sur la glace, mais ils avaient à peine franchi la moitié de la rivière, qu’ils recevaient, par derrière, une décharge à mitraille. Ils furent stupéfiés quand ils aperçurent, en se retournant, les deux mille hommes de Colborne qui s’avançaient sur le côté nord de la rivière. À cette vue, la plupart perdirent courage et s’enfuirent dans toutes les directions à travers la mitraille qui en blessa plusieurs. Chénier eut de la peine à retourner avec les plus braves au village. Bientôt, les boulets commencèrent à