Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/127

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ERNEST GAUBERT 117 La fraîche volupté de partir sur la mer, Dans un couchant vermeil plein d’adieux et de roses, La douleur d’assister à la métamorphose De ce qui nous est cher. Le pas d’un cavalier qui sonne sur la route. Le pâtre solitaire et le soldat blessé, Et disant les espoirs en allés du passé, Ces voix que l’on redoute. Le cortège amoureux, ses flûtes, ses flambeaux, Le myrte nuptial, l’acanthe funéraire, La coupe du festin, la couronne éphémère, La lampe du Tombeau. Ces choses, ces parfums, ces extases, ces voix, Ces symboles changeants, ces douleurs éternelles Frémirent, tour à tour, dans ma strophe où je mêle Demain à l’autrefois, Afin qu’on dise un jour : « Il a vécu sa vie € Comme un rêve agréable et comme un cauchemar, « Et vers l’aube il portait à l’heure du départ « L’âme claire, assouvie... « Il fut sage, il fut fou, il pleurait, il a ri, « Et maintenant il dort et sa tombe est prochaine, « Sur ce tertre où se mêle, aux roses d’or d’Athènes, « Le sang des roses de Paris. » (Les Roses Latines.)