Page:Davray-Rigal - Anthologie des poètes du Midi, 1908, éd2.djvu/70

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Et là, quoique vieille et lasse, ma pensée
S’essaierait à voler vers de plus hauts sommets,
Désireuse d’atteindre en sa noble envolée
La Beauté dont je rêve et que toujours j’aimai.


(Vers inédits.)





Dans la Chambre ensoleillée.



Comme un royal manteau d’hermine et de beauté
Quand la neige est si proche ! aux Alpes d’à côté,
Ailleurs quand c’est la brume et le froid qui demeurent
Faut-il que nous ayons ici de telles heures
Toutes d’enchantement, comme estivales, dis ?
Et jouissions ainsi d’un pareil paradis !...
Dans ce pays quel doux hiver ! vois, c’est décembre,
Et le bon grand soleil dore toute la chambre :
Les meubles et les murs, rideaux blancs, clairs tapis,
Chantent comme en été chante l’or des épis,
Et, là, s’embellissant des parures d’un songe,
Dans la glace leur chant en écho se prolonge...
Par la fenêtre ouverte il entre une tiédeur
Et des mandariniers l’exquise et fine odeur !
Le ciel est tout azur, l’horizon sans nuage,
Et, non loin, sur la mer calme une voile nage
Qui mire dans le flot son rêve parfumé
De la senteur marine et du radoub aimé...
 
O la sérénité de ces heures bénies
Où des rayons vermeils vibrent les harmonies
Pour charmer tout notre être !... Et c’est comme un bonheur
Dont voudrait à quelqu’un rendre grâces le cœur.
Mais dans mon Ame aussi se mire un vague rêve
Embaumé de douceur et qu’un Amour achève,