Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/123

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24. — En vertu d’un arrêt du parlement qui défend aux ci-devant soi-disant Jésuites de se retirer autrement que comme écoliers dans les lieux où la jeunesse est élevée, l’Université avait renouvelé son décret qui excluait depuis long-temps les membres de cette Société de toutes les places scolastiques. Ce décret avait été notifié aux principaux de tous les collèges, en vertu d’une délibération prise par la Faculté des Arts.

Le 18 de ce mois le recteur, M. Fourneau, a reçu une lettre de cachet pour se rendre à Fontainebleau, avec ordre d’y apporter la requête de l’Université. Admis à l’audience du roi, M. le chancelier lui a déclaré que Sa Majesté désapprouvait le décret qu’il avait rendu, et a fait mettre en marge du registre de l’Université un arrêt du Conseil qui casse ledit décret, sans rien toucher à l’arrêt du parlement au bas duquel il est inscrit. Le recteur a représenté vivement au roi que le décret qui avait le malheur de lui déplaire n’était point son ouvrage, mais celui de l’Université, à laquelle il avait l’honneur de présider, comme M. le premier président au parlement.

Quelques momens avant de paraître devant le roi, M. le chancelier, prévenu contre le recteur, lui a fait des reproches très-vifs en présence de quelques ministres, sur un discours qu’il a prononcé depuis peu aux Mathurins, où, en rendant compte de sa gestion et de ce qui s’est passé sous son rectorat, il a parlé de la destruction de la société des Jésuites, comme ancienne et continuelle ennemie de l’Université. Ce suprême magistrat a trouvé mauvais qu’il ait pris de là occasion de s’étendre sur leur doctrine, sur leur attachement aux opinions ultramontaines, sur les vexations qu’ils avaient exercées depuis