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OCTOBRE 1762

avoué son ineptie pour l’intelligence dudit arrêt, et du discours du recteur : que celui-ci s’étant pleinement justifié de l’odieuse imputation dont on l’avait chargé, et persistant à demander l’examen de son discours, on s’en était rapporté à lui, et l’on avait supprimé de l’arrêt du Conseil ce qui avait quelque rapport aux qualifications graves et injustes dont on l’avait chargé.

30. — Les amateurs ont dans leurs porte-feuilles deux lettres de Rousseau[1] : l’une adressée au bailli de Motiers-Travers, petit endroit près de Neufchâtel où il réside, l’autre au pasteur dudit lieu. Dans la première, il remercie le premier des secours généreux qu’il lui a donnés ; dans la seconde, il fait sa profession de foi, et demande à être admis à la cène comme bon protestant.

Ce grand philosophe s’occupe actuellement à faire des lacets. Il proteste qu’il renonce à écrire, puisqu’il ne peut pas prendre la plume sans alarmer toutes les puissances.

31. — Essai historique sur M. du Barrail, vice-amiral de France, par M. l’abbé de La Tour. On ne se serait point imaginé que cet écrivain eût mis la main à la plume pour transmettre à la postérité le nom d’un individu aussi stérile que M. du Barrail. Ce vice-amiral, mort à quatre-vingt-dix ans, a fait dans sa jeunesse quelques actions qui promettaient ; le reste de sa vie ne se compte que par les époques des différens honneurs militaires qu’il a acquis à force de vieillir. Malgré son admiration profonde pour cet illustre marin, son froid panégyriste est obligé d’en revenir là. Il pouvait laisser dans son porte-feuille son manuscrit, qui sera aussi nul en littérature qu’en histoire.

  1. Ce sont celles de 31 juillet et 24 août 1762. — R.