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MÉMOIRES SECRETS

jacques leur a répondu que l’ouvrage était au-dessus de ses forces, mais non pas de son zèle, et qu’il y travaillerait. Quant à Diderot, il s’en est défendu sur son impuissance à répondre à cette invitation, n’ayant point assez étudié ces matières pour pouvoir les traiter relativement aux mœurs du pays, à l’esprit des habitans, et au climat, qui doivent entrer pour beaucoup dans l’esprit de législation propre à la confection d’un code de lois.

Il ne paraît pas étonnant que les Corses se soient adressés à Rousseau, auteur du Contrat social, où, dans une note très-avantageuse, il prédit la grandeur inévitable de cette république : mais à l’égard de Diderot, on ne voit pas en quoi il a pu mériter une distinction si flatteuse[1].

22. — La littérature anglaise vient de faire une perte considérable par la mort de M. Charles Churchill, que ses satires ont rendu célèbre. Il avait passé de Londres à Boulogne pour voir son ami, M. Wilkes, devenu, par ses satires en prose, encore plus célèbre que lui[2]. Il y est mort d’une fièvre milliaire. Il a chargé, par son testament, M. Wilkes de recueillir et de publier ses ouvrages, avec des remarques et des explications. Personne n’est plus propre à bien exécuter cette commission : M. Wilkes et M. Churchill pensaient et sentaient de même. Il est dommage que les satires de M. Churchill soient trop personnelles, et que le fond tienne à des querelles de parti

  1. Aussi n’est-il pas bien certain que des démarches aient été faites auprès de lui. Quant à Rousseau, on en a des preuves irrécusables dans sa Correspondance avec M. Butta-Foco et Paoli. — R.
  2. Jean Wilkes, né à Londres le 17 octobre 1737, mort le 6 décembre 1797, s’était réfugié en France pour éviter les poursuites judiciaires dirigées contre lui à l’occasion d’articles virulens qu’il avait publiés, dans le North Briton, sur le ministère anglais. — R.