Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
MARS 1762

Mais ne commandez pas l’armée.
Au bien qui vous arrivera
Vous verrez qu’on applaudira :
Abandonnez vos destinées.
J’yTôt, tôt, battez chaud.
J’yTôt, tôt, bon courage ;
Que Broglie finisse l’ouvrage !

— Il se répand une nouvelle épigramme sur Fréron, qu’on attribue à un homme de la cour[1] : elle est intitulée la Souris.


Souris de trop bon goût, souris trop téméraire,
Un trébucbet subtil de toi m’a fait raison ;
Tu me rongeais, coquine ! un tome de Voltaire,
Tandis que j’avais là les feuilles de Fréron.

30. — Il paraît une Réponse de M. de Voltaire aux Épîtres du Diable[2]. On met dans une note que, quoique cette pièce soit tombée fort tard entre les mains de l’éditeur, il n’a pas voulu en priver le public. Il l’aurait pu faire sans qu’on lui en sût mauvais gré. La pièce, comme tout ce qui parait depuis quelque temps, est indigne de son auteur. Outre les victimes ordinaires que s’immole le poète des Délices, il a fait choix d’une nouvelle, le sieur Palissot, et tout le monde applaudit à ce qu’il dit de cet anti-philosophe.

31. — On a joué hier chez M. le maréchal de Richelieu l’Annette et Lubin du sieur Marmontel. Mademoiselle Neissel faisait Annette, et Clairval Lubin. Cette pièce a eu le plus grand succès. Ce jour-là même on jouait aux Italiens la pièce de Favart. Ceux qui ont vu les deux,

  1. Cette épigramme est de Guichard. — R.
  2. 1762, in-8o. Cette satire n’est point de Voltaire. — R.