Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/178

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Et le sombre feuillage évidé comme un cintre,
Les gazons, le rameau qu’un fruit pansu courbait,
Chantaient : « Bonjour, monsieur Courbet le maître peintre !
Monsieur Courbet, salut ! Bonjour, monsieur Courbet ! »

Et les saules bossus, plus mornes et plus graves
Que feu les écrivains du Journal de Trévoux,
Chantaient en chœur avec des gestes de burgraves :
« Bonjour, monsieur Courbet ! Comment vous portez-vous ? »

Une voix au lointain, de joie et d’orgueil pleine,
Faisait pleurer le cerf, ce paisible animal,
Et répondait, mêlée aux brises de la plaine :
« Merci ! Bien le bonjour. Cela ne va pas mal. »

Tournant de ce côté mes yeux, ― en diligence,
Je vis à l’horizon ce groupe essentiel :
Courbet qui remontait dans une diligence,
Et sa barbe pointue escaladant le ciel !

                   
Octobre 1854.