Avec cette douce folie
Que de Bohème il emporta.
Antoine Fauchery, un beau garçon, spirituel et charmant, que
Mürger a essayé de peindre dans son Marcel de La Vie de Bohème,
était le plus gai parmi les amis de notre jeunesse. Il avait quitté
le métier de graveur sur bois pour écrire avec nous au Corsaire ;
mais la fortune ne venait pas assez vite à son gré, car il s’était
marié par amour. Ses Lettres d’un Mineur en Australie (Paris,
Poulet-Malassis et de Broise, 1857) racontent les extraordinaires
métiers qu’il dut faire au pays de l’or, pour y gagner un peu
d’argent.
Après avoir touché barres, à Paris, il repartit pour la Chine et pour le Japon, avec une mission du gouvernement. Il faisait, pour le ministère, des dessins et des photographies d’après les monuments et les paysages, et en même temps il envoyait au Moniteur des articles dans lesquels la nature et la civilisation orientales, vues par un peintre, étaient racontées par un Parisien humoriste sachant écrire. Il nous adressa aussi, lors de la guerre de Chine, des lettres étonnamment