Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A dessein médité pour ce moment critique,
Peut éloigner de vous ce public éclectique !
Donc, à ces cris que pousse en mourant la vertu,
Honteuse de mourir sans avoir combattu,
Au bruit de ces soupirs qu’un faible écho répète,
Sauvons-nous au hasard sans tambour ni trompette !
Allons chez nous, ma mie, ô ma Muse à l’œil bleu !
Et, la main dans la main, lisons au coin du feu,
Cependant qu’au dehors le vent siffle et détonne,
Les Chants du crépuscule et Les Feuilles d’automne.
   Car, tandis que là-bas l’enfance, sous le fouet,
A de honteux vieillards sert de honteux jouet,
Il est doux de revoir, dans les odes écloses,
Les beaux petits enfants sourire avec les roses,
Et la mère au beau front pour ce charmant essaim
Répandre sans compter les perles de son sein ;
Et d’écouter en soi chanter avec les heures
L’harmonieux concert des voix intérieures !


Décembre 1845.