Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/221

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gens emporter leurs effets à la montagne, et que même la maison d’Ereti était toute démeublée. Je lui fis de nouveaux présents, et ce bon chef continua à nous témoigner la plus sincère amitié.

Cependant, je pressais nos travaux de tous les genres ; car, encore que cette relâche fut excellente pour nos besoins, je savais que nous étions mal mouillés. En effet, quoique nos câbles, paumoyés presque tous les jours, n’eussent pas encore paru ragués, nous avions découvert que le fond était semé de gros corail, et d’ailleurs, en cas d’un grand vent du large, nous n’avions pas de chasse. La nécessité avait forcé de prendre ce mouillage sans nous laisser la liberté du choix, et bientôt nous eûmes la preuve que nos inquiétudes n’étaient que trop fondées.

Le 12, à cinq heures du matin, les vents étant venus au sud, notre câble du sud-est et le grelin d’une ancre à jet, que nous avions par précaution allongée dans l’est-sud-est, furent coupés sur le fond. Nous mouillâmes aussitôt notre grande ancre ; mais, avant qu’elle eût pris fond, la frégate vint à l’appel de l’ancre du nord-ouest, et nous tombâmes sur L’Étoile que nous abordâmes à bâbord. Nous virâmes sur notre ancre, et L’Étoile fila rapidement, de manière que nous fûmes séparés avant que d’avoir souffert aucune avarie. La flûte nous envoya alors le bout d’un grelin qu’elle avait allongé dans l’est, sur lequel nous virâmes pour nous écarter d’elle davantage. Nous relevâmes ensuite notre grande ancre et rembarquâmes le grelin et le câble coupés sur le fond. Celui-ci l’avait été à trente brasses de l’entalingure ; nous le changeâmes bout pour bout et l’entalinguâmes sur une ancre de rechange de deux mille sept cents que L’Étoile avait dans sa cale et que