Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/231

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voit une baie ouverte au nord-est, laquelle a trois ou quatre lieues de profondeur. Ses côtes s’abaissent insensiblement jusqu’au fond de la baie où elles ont peu d’élévation, et paraissent former le canton le plus beau de l’île et le plus habité. Il semble qu’on trouverait aisément plusieurs bons mouillages dans cette baie : le hasard nous servit mal dans la rencontre du nôtre. En entrant ici par la passe par laquelle est sortie L’Étoile,

M. de la Giraudais m’a assuré qu’entre les deux îles les plus septentrionales il y avait un mouillage fort sur pour trente vaisseaux au moins, depuis vingt-trois jusqu’à douze et dix brasses, fond de sable gris vaseux, qu’il y avait une lieue d’évitage et jamais de mer. Le reste de la côte est élevé, et elle semble en général être toute bordée par un récif inégalement couvert d’eau, et qui forme en quelques endroits de petits îlots sur lesquels les insulaires entretiennent des feux pendant la nuit pour la pêche et la sûreté de leur navigation : quelques coupures donnent de distance en distance l’entrée en dedans du récif, mais il faut se méfier du fond. Le plomb n’amène jamais que du sable gris ; ce sable recouvre de grosses masses d’un corail dur et tranchant, capable de couper un câble dans une nuit, ainsi que nous l’a appris une funeste expérience.

Au-delà de la pointe septentrionale de cette baie, la côte ne forme aucune anse, aucun cap remarquable. La pointe la plus occidentale est terminée par une terre basse, dans le nord-ouest de laquelle, environ à une lieue de distance, on voit une île peu élevée qui s’étend deux ou trois lieues sur le nord-ouest.

La hauteur des montagnes qui occupent tout l’intérieur de Tahiti est surprenante, eu égard à l’étendue de l’île.