Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/401

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leur fournit seule l’opium dont les Javans font une grande consommation, et dont la vente produit des profits considérables.

Batavia est l’entrepôt de toutes les productions des Moluques. La récolte des épiceries s’y apporte tout entière ; on charge chaque année sur les vaisseaux ce qui est nécessaire pour la consommation de l’Europe et on brûle le reste. C’est ce commerce seul qui assure la richesse, je dirai même l’existence de la Compagnie des Indes hollandaises ; il la met en état de supporter les frais immenses auxquels elle est obligée, et les déprédations de ses employés aussi fortes que ses dépenses mêmes. C’est aussi sur ce commerce exclusif et sur celui de Ceylan qu’elle dirige ses principaux soins. Je ne dirai rien sur Ceylan que je ne connais pas ; la Compagnie vient d’y terminer une guerre ruineuse, avec plus de succès qu’elle n’a pu faire celle du golfe Persique, où ses comptoirs ont été détruits. Mais, comme nous sommes presque les seuls vaisseaux du roi qui aient pénétré dans les Moluques, on me permettra quelques détails sur l’état actuel de cette importante partie du monde, que son éloignement et le silence des Hollandais dérobent à la connaissance des autres nations.

On ne comprenait autrefois sous le nom de Moluques que les petites îles situées presque sous la ligne, entre quinze degrés de latitude sud et cinquante degrés de latitude nord, le long de la côte occidentale de Gilolo, dont les principales sont Ternate, Tidor, Mothier ou Mothir, Machian et Bachian. Peu à peu ce nom est devenu commun à toutes les îles qui produisaient des épiceries. Banda, Amboine, Ceram, Bouro et toutes les îles adjacentes ont été rangées sous la même dénomination, dans laquelle même quelques-uns